En Coulisse • À LA VIE de Aude Pépin.
Deux femmes, une révélation, un film
Pour son premier long métrage, Aude Pépin dresse le portrait de Chantal Birman, la sage-femme des banlieues. Dès leur rencontre, Aude a vu en Chantal une héroïne des temps modernes faisant accoucher les femmes de leurs enfants, de leurs maux, de leurs joies, de leurs peines. Pendant six mois, la caméra de Aude Pépin suit le rythme effréné de la valise de Chantal Birman qui l’accompagne dans toutes ses visites. Et quand Chantal s’assied enfin, c’est dans sa voiture, ou plutôt son bureau, et elle parle de tout ce qui l’habite.
Aude Pépin partage à TANDEM quelques unes de ses photos de repérage, prises lors de la préparation du tournage de son documentaire.
« Ce savoir de la sage-femme est dans la vie de la cité, celui du prophète dans la vie religieuse ou du poète dans la vie littéraire. Parce qu’ils sont hors quotidien, on les efface de nos mémoires, de nos vies. Après quarante ans dans les salles de naissances, en consultation mais aussi dans ce lieu du cabinet libéral qui permet au temps de se gonfler de sens, j’ai repris mon baluchon (plutôt ma valise) pour aller chez les autres. Ces consultations à domicile dans l’après naissance immédiat sont un formidable outil de prévention. Dans ce moment des grands écoulements corporels je conseille mais surtout je console. En quelques mots, les capacités de chacun sont nommées et donc identifiées. Il y a urgence à trouver sa place car c’est la seule position qui permet de souffler, de trouver la paix. Je suis le guide de l’après naissance et mon secret c’est de montrer à chaque parent qu’il sait, et comment il sait. Ce qu’il y a de magique c’est le « savoir être » juste dans l’instant, c’est ce qui permet, dans ces moments de grande violence, la douceur de l’enchantement. Entre mon arrivée et mon départ quelque chose de l’ordre d’un universel doit surgir. C’est à ce moment-là que les curseurs bloqués sur le personnel frémissent enfin et permettent la rencontre. »